dimanche 27 février 2011

Libye : quel rôle pour la France ?

Le BPC Mistral dans la rade de Brest (photo : Marine Brest).

L'évolution de la situation en Libye ne dicte plus, a priori, d' y engager des moyens militaires français. Les 10.000 ressortissants évoqués par l'UE en début de semaine ont fondu comme neige au soleil. La France a notamment évacué la quasi-totalité des siens, grâce à quatre vols Airbus de l'armée de l'air. Les derniers Britanniques ont été exfiltrés samedi, les derniers Américains vendredi : bref, plus besoin d'avoir recours aux navires français, pour une RESEVAC en tout cas, au large des côtes libyennes.
L'hypothèse d'un engagement sous cadre humanitaire n'est pas à exclure, mais en tout cas, pas dans l'immédiat.
Si la France en avait eu besoin, les deux BPC étaient presque sous la main : le Mistral, arrivé à Brest samedi matin, pouvait être rapidement au large de la Libye. Cela aurait été plus complexe pour le Tonnerre (1), dont l'équipage rentre de près de quatre mois de mer, dont l'essentiel en Corymbe, en face de la Côte d'Ivoire.
Plus certainement, la main va passer aux moyens aériens, si l'UE arrive à accorder ses violons. Il faudrait en effet des moyens de coercition, s'il fallait contraindre les avions du colonel Kadhafi à ne (plus) s'en prendre à sa population. Seulement, le temps que tout cela se mette en branle, soit les avions en question auront eu le temps d'accomplir leur macabre besogne. Soit le colonel aura perdu tout pouvoir dans son pays.
Bien plus certainement, il faudra engager des moyens de surveillance maritime pour garder un oeil sur les flots de réfugiés quittant l'Afrique du Nord. On se souvient des drames humains -et politiques- générés par l'échouage du East Sea, au début de la décennie précédente, et encore, l'an dernier, du débarquement de Kurdes en Corse.
Trois paradoxes : la France, puissance maritime, dispose actuellement de très peu de moyens de surveilllance maritime (2), du fait du retrait prématuré des Nord 262. L'alternative, qui consisterait à faire tenir ces missions par des avions de patmar bute sur la même limite capacitaire : CEMM et CEMA l'avaient rappelé devant les députés, les missions au Sahel, prioritaires, avait obligé, dès l'automne à laisser tomber les vols en Méditerranée. Bref, et malgré l'absence de conflit dur contre un ennemi méchant déployant des essaims de sous-marins, on voit déjà les limites de nos choix capacitaires (3).
Dernier paradoxe, mais on le savait déjà en la fermant, le plot "sud" des ATL-2, à Nîmes, est fermé alors que la Méditerranée n'a jamais autant figuré dans l'actualité. Et devrait y rester un bon moment.

(1) il vient d'être remplacé par la Foudre.
(2) quatre Falcon 50M basés à Lann-Bihoué. Quatre autres, issus de l'ETEC, doivent venir progressivement les renforcer. Leurs successeurs pourraient faire l'objet d'une externalisation : c'est à l'étude. Seul solution, à court terme, recourir à des moyens privés : la firme Vigie Aviation, tout comme CAE Aviation, proposent des prestations de surmar... qu'il faut évidemment payer.
(3) la dernière livraison d'Air&Cosmos évoque un projet de revente d'ATL-2 de la marine française à l'Arabie saoudite.